À l’approche de Pâques, l’archevêque de Malines-Bruxelles partage les signes d’espérance qu’il perçoit dans l’Église en Belgique. Des catéchumènes aux communautés vivantes, de l’élan œcuménique au mystère de la croix, il nous invite à marcher dans la confiance.
À quelques jours de Pâques, Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles, évoque ce temps pascal non comme une simple commémoration, mais comme le cœur battant de la foi chrétienne. « Ce sont vraiment des jours bénis », dit-il avec simplicité. « Nous célébrons le sommet de l’année liturgique. Ce don de Jésus sur la croix, et sa résurrection, nous ouvre à une vie nouvelle. »
Dans un monde secoué par les violences, les divisions, les crises à répétition, le message de la Résurrection semble parfois inaudible. Mais pour l’archevêque, c’est justement là qu’il prend tout son sens.
« Quand il n’y a plus d’espoir à vue humaine, les chrétiens croient encore. Parce que le Christ, sur la croix, a vaincu la mort et toutes les forces du mal. Même dans les situations les plus bloquées, c’est la vie qui a le dernier mot. »
Mgr Luc Terlinden
Des signes qui réveillent
Mgr Terlinden n’ignore pas les difficultés de l’Église : la raréfaction des vocations, la sécularisation, le climat de suspicion parfois pesant. Mais il choisit de regarder aussi ce qui germe. Et il le dit avec une joie non feinte : « Les catéchumènes sont de plus en plus nombreux. Plusieurs centaines cette année encore. »
Ce sont souvent de jeunes adultes, aux parcours inattendus. Certains ont découvert la foi par une vidéo, une phrase lue en ligne, une rencontre en paroisse. Ils n’ont pas toujours les codes, mais ils posent des questions simples, essentielles. « Ils nous bousculent dans nos habitudes, et en même temps, ils nous rappellent ce qui est central : la rencontre avec le Christ. Ils nous réveillent. »
Dans les paroisses aussi, l’archevêque perçoit un renouveau : des communautés petites mais rayonnantes, des lieux de prière où souffle l’Esprit. « On le voit, notamment autour du mercredi des cendres : beaucoup de jeunes étaient là. Ce sont des petits signes, mais ils sont précieux. Ce sont eux qui nous portent. »
Une Église de l’onction
Le mercredi qui précède Pâques, l’Église vit un moment fort : la messe chrismale. Pour Mgr Terlinden, elle incarne ce que l’Église est appelée à être. « C’est un moment de communion, entre l’évêque, les prêtres, les diacres et tout le peuple de Dieu. On y bénit les huiles sacrées, notamment le saint chrême, utilisé pour les baptêmes et les ordinations. »
Mais au-delà du rite, c’est une vision de l’Église qu’il partage : « Nous formons un seul peuple sacerdotal. Tous, par notre baptême, nous avons reçu l’onction. » Une Église qui ne sépare pas clercs et laïcs, mais qui avance ensemble, chacun avec sa mission.
Un chemin d’unité
Cette année, catholiques et orthodoxes fêteront Pâques le même jour. Une simple coïncidence de calendrier ? « Peut-être, mais c’est déjà un beau signe », estime Mgr Terlinden. « Cela nous pousse à continuer le chemin œcuménique. » Il évoque deux anniversaires importants : les 1700 ans du concile de Nicée – « un concile qui continue de nous réunir malgré les divisions » – et le centenaire des conversations de Malines, ce dialogue pionnier entre catholiques et anglicans initié par le cardinal Mercier.
À ses yeux, l’unité n’est pas un rêve lointain, mais une responsabilité pour aujourd’hui. « Nous sommes appelés à marcher ensemble. Le pape François nous y invite dans son message de carême : Marchons ensemble dans l’espérance.«
Une espérance qui se choisit
Chez Mgr Terlinden, l’espérance n’est ni naïveté ni optimisme de surface. Elle est choix de foi. Elle se nourrit du mystère pascal, et s’incarne dans le quotidien de l’Église. « Nous sommes des pèlerins. L’espérance est notre boussole. Et cette espérance n’est pas un mot creux : elle s’appuie sur un fait. Le Christ est ressuscité. Il est vivant. »
Dans un monde souvent traversé par l’inquiétude, ce message pascal ne se crie pas, il se propose. Il s’annonce surtout par des vies : celles des catéchumènes, des prêtres, des familles, des jeunes en recherche, celles et ceux qui, sans faire de bruit, laissent le Ressuscité changer leur regard.

Le Grand Entretien de Mgr Luc Terlinden pour la fête de Pâques :
Retrouvez le podcast de l’interview, réalisée par Jean Lannoy, journaliste d’1RCF Belgique, et Angélique Tasiaux, journaliste de CathoBel.