Edition Spéciale : rappel à Dieu de Benoit XVI

Edition Spéciale : rappel à Dieu de Benoit XVI

Le Pape émérite Benoît XVI vient de s’éteindre à l’âge de 95 ans. Après 8 ans de pontificat, et à la surprise générale, Benoît XVI avait renoncé à sa charge en 2013, mais il vivait toujours au Vatican au monastère Mater Ecclesiae. Une fin de  vie consacrée à la prière et la théologie selon ses vœux. La mort de Benoit XVI vient clore une période historique où deux papes se côtoyaient au Vatican. On le savait très affaibli. Dans une lettre envoyée en janvier 2018 au journal italien Corrierre della Sera, il écrivait : « Je peux seulement dire que, dans le lent déclin de mes forces physiques, je suis intérieurement en pèlerinage vers la maison ». Et il ajoutait vivre comme une grâce le fait « d’être entouré, pour ce dernier morceau de route, parfois un peu fatigant, d’un amour et d’une bonté » qu’il n’aurait jamais imaginé. Son frère Georg Ratzinger, qui lui rendait visite très régulièrement et l’appelait tous les jours, avait révélé le 13 février 2018 que son frère était atteint d’une maladie neurologique paralysante et dégénérative. Lors de son élection en 2013, la pape François a vu dans son prédécesseur « un homme qui personnifie la sainteté, un homme de paix, un homme de Dieu ».

Programmation spéciale

RCF adapte sa programmation pour vous permettre de suivre cet évènement.

Les célébrations en direct en partenariat avec Radio Vatican, des émissions spéciales et des témoignages au programme de 1RCF Belgique.

Jeudi 5 janvier : funérailles de Benoit XVI

Jeudi 5 janvier, RCF diffuse la messe de funérailles de Benoît XVI en direct du Vatican. Suivez aussi une Matinale RCF exceptionnelle présentée par nos équipes mobilisées à Rome pour l’occasion.

Ce jeudi 5 janvier de 6h30 à 12h30, RCF consacre son antenne aux obsèques de Benoît XVI ©Wikimédia commons / Clément Bondaz / RCF

Emission spéciale

De la prière du matin à la fin des obsèques, de nombreux invités se sont succédés à l’antenne pour revenir sur le pontificat du pape émérite Benoît XVI, et sur cette cérémonie unique, où un pape a célébré les funérailles de son prédécesseur. Cesse de funérailles célébrée par le pape François, a été diffusée en direct avec des commentaires assurés par Radio Vatican.

De nombreux prêtres, évêques et fidèles ont pu partager leurs expériences avec Benoît XVI, partager leur émotion et leur vécu de ces obsèques particulières. Des belges étaient également sur place et ont pu partager leur témoignage lors de notre édition spéciale.

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Samedi 31 décembre : mort de Benoît XVI

Dès 11h20 le samedi 31 décembre, le journaliste Jean Lannoy a pris l’antenne en direct avec Nicolas Bernardi à la technique et deux invités en direct: le théologien et journaliste CathoBel Christophe Herinckx ainsi que Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique.

• Benoît XVI : Le pape théologien

Émission spéciale présentée par Jean Lannoy

Quelques heures après la mort du pape émérite Benoît XVI, le 31 décembre 2022, l’historien Yves Chiron revient sur l’histoire de Joseph Ratzinger. De théologien privé à pape émérite, le parcours, la vision et le pontificat de Benoît XVI sont analysés par cet historien de l’Eglise contemporaine.

• Mort de Benoît XVI : premières réactions

Émission spéciale présentée par Étienne Pépin

Quelques heures après la mort du pape émérite Benoît XVI, le 31 décembre 2022, Étienne Pépin revient sur l’histoire de Joseph Ratzinger : l’homme, le théologien, le pape…

Avec : Frédéric Mounier, journaliste, ancien correspondant au Vatican pour La Croix, le Père Pierre de Charentenay, jésuite, rédacteur en chef de la revue Études pendant le pontificat de Benoît XVI, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de L’Œuvre d’Orient

• Que retenir du pontificat de Benoît XVI ?

Émission spéciale présentée par Philippe Lansac

Le pape émérite Benoît XVI est mort samedi 31 décembre 2022. Cet intellectuel brillant, homme de foi devenu archevêque puis cardinal et enfin pape n’était pas le meilleur des communicants et a été souvent incompris. Que retenir de son pontificat ?

Avec : Catherine Sesboüé, religieuse de l’Assomption, chef de service à La Documentation catholique et le Père Jean-François Chiron, prêtre du diocèse de Chambéry, théologien, professeur à l’Université catholique de Lyon

Biographie de Joseph Ratzinger

Un article d’Armelle Delmelle

Benoit XVI est né le 16 avril 1927 à Marktl (Bavière) en Allemagne sous le nom de baptême de Joseph Aloisius Ratzinger. Bien que ses parents soient opposés au nazisme qui monte dans le pays, il sera enrôlé de force dans les jeunesses hitlériennes à l’âge de 14 ans. En 1944, il a alors 17 ans, il refuse de rejoindre l’armée des SS en faisant valoir son désir de rentrer au séminaire. Il déserte même lors de service militaire lorsqu’il apprend le suicide d’Hitler. Il sera donc enfermé au camp de prisonnier de guerre de Bad Aibling. 

Le jeune Joseph est libéré en juin 1945 et rentre au séminaire. Il sera ordonné prêtre six ans plus tard en 1951 par le cardinal Michael von Faulhaber. Il poursuivra aussi des études de philosophie et de théologie à l’université de Munich, puis à l’École supérieure de Freising. Au cours de ses études, il se spécialisera dans deux aspects théologiques qui auront un impact sur sa propre théologie. 

Le premier est l’étude de la Bible. Selon George Weigel, il considère que le « Nouveau Testament n’est rien d’autre qu’une interprétation de « la Loi, des Prophètes et des Écritures » puisée dans l’histoire de Jésus ou contenue en elle ».  Le deuxième aspect est l’étude de la liturgie, qu’il considère comme l’élément vivant du Nouveau Testament, le Nouveau Testament étant selon Joseph Ratzinger « l’âme de toute théologie ». Cette conception de la Liturgie aura un impact pendant le Concile Vatican II au cours duquel il soutiendra la réforme de la Liturgie.

Il termine  sa thèse de doctorat en juillet 1953. Elle porte sur Le Peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de saint Augustin. Joseph Ratzinger devient alors docteur en théologie et prépare sa thèse d’habilitation afin de devenir professeur d’université. 

Tout au long de sa vie, le futur pape sera d’abord et avant tout un théologien. Avant son élection en tant que pape, il n’y avait pas eu de pape théologien depuis longtemps. 

Avancée vers le Vatican

Le 24 mars 1977, le pape Paul VI le nomme archevêque de Munich et Freising. Le 28 mai 1977, il est consacré archevêque par le cardinal Alfred Bengsch. Il choisit alors comme devise la citation de la Troisième épître de Jean : cooperatores veritatis – coartisans de vérité. Cette devise montre l’importance qu’il place dans la recherche de la vérité, mais aussi la façon dont il envisage sa pastorale d’évêque.

Trois mois plus tard, le 27 juin, lors du dernier consistoire de Paul VI, Joseph Ratzinger est nommé cardinal-prêtre avec le titre cardinalice de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Il était le dernier cardinal en vie nommé par le pape Paul VI.

En 1980, il est rapporteur du Ve synode des évêques, sur le thème : « Les missions de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui ».

Nommé par Jean-Paul II, le 25 novembre 1981, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et président de la Commission biblique pontificale ainsi que de la Commission théologique internationale. Il renonce au gouvernement pastoral de l’archidiocèse de Munich et Freising, le 15 février 1982.

Son avancée vers le Vatican est enclenchée et ne s’arrêtera que lorsqu’il sera élu pape en avril 2005. En 1983, Joseph Ratzinger est nommé président délégué de la VIe Assemblée générale ordinaire sur le thème de « La réconciliation et la pénitence dans la mission de l’Église ». 

Dix ans plus tard, en avril 1993, le pape le promeut au rang de cardinal-évêque en lui confiant le siège suburbicaire de Velletri-Segni. Le 6 novembre 1998, son élection comme vice-doyen du Collège des cardinaux est approuvée par le Saint-Père. En 1999, il est nommé envoyé spécial du pape aux célébrations qui marquent le 12e centenaire de la création du diocèse de Paderborn, en Allemagne. Le 30 novembre 2002, le pape approuve son élection par le Collège des cardinaux, cette fois-ci en tant que doyen. Il lui confère, en plus de cette charge, le titre d’évêque suburbicaire d’Ostie. 

Election comme en tant que pape

Le cardinal Joseph Ratzinger est élu pape et devient Benoît XVI à la suite du décès de Jean-Paul II le 2 avril 2005. Son élection est actée le 19 avril après un conclave d’à peine plus de 24 heures et il sera intronisé le 24 avril 2005 comme 265e pape de l’Eglise catholique.

Au premier tour de l’élection le cardinal Carlo Maria Martini, jésuite de 78 ans, ancien archevêque de Milan et chef de file du camp dit « progressiste », connu pour sa rigueur doctrinale mais surtout pour ses positions novatrices sur les questions sociales et pastorales n’aurait recueilli que 9 voix. Il était pourtant donné favori par les journalistes vaticanistes. Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, futur pape François aurait eu 10 et le cardinal Ratzinger, 47 voix. Au deuxième tour le cardinal Martini n’aurait eu aucune voix. Le cardinal Bergoglio aurait eu 35 voix et le cardinal Ratzinger 65 voix. 

Il aura fallu deux tours supplémentaires pour départager les cardinaux toujours en course. Il faut deux tiers des voix afin d’être élu pape. Les chiffres doivent normalement rester secrets et malgré le fait que les cardinaux électeurs ont tous solennellement juré de ne jamais violer le secret de l’élection, sauf autorisation papale, plusieurs d’entre eux n’ont pas manqué de raconter quelques confidences et anecdotes. 

C’est en septembre 2005 que la revue de géopolitique italienne Limes publie un texte présenté comme le Journal du conclave d’un cardinal ayant pris part au vote. C’est ce texte qui affirme que le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio aurait été son plus sérieux rival. Au quatrième tour, le cardinal Bergoglio, qui refusait un blocage de minorité, n’aurait recueilli que 26 voix et le cardinal Ratzinger aurait obtenu 84 voix sur 115 cardinaux, soit 7 de plus que la majorité requise pour être élu pape. Selon le journal, l’annonce des résultats aurait été suivie d’un long silence puis saluée « d’un long et cordial applaudissement ». 

À 78 ans, il est le pape le plus âgé au jour de sa prise de fonctions depuis Clément XII en 1730. Il s’agit du premier pape d’origine germanique depuis Victor II (1055-1057), originaire de la Souabe, et Adrien VI (1522–1523), originaire d’Utrecht (Pays-Bas espagnols, alors relevant du Saint-Empire romain germanique). La messe d’inauguration du pontificat a lieu le 24 avril 2005 en présence de nombreux hauts dignitaires de la planète.

Son travail en tant que pape 

On retient beaucoup de la vie du pape émérite les scandales concernant la pédocriminalité. Son pontificat ne peut cependant pas se résumer à cela. Il aura en effet réalisé beaucoup, notamment dans son action pastorale, pendant ses huit années de pontificat. 

Moins d’un mois après son élection, il annonce le début du procès en béatification de Jean-Paul II, en exerçant sa prérogative de ne pas tenir compte du délai de cinq ans après la mort normalement requis par le droit de l’Église.Contrairement à Jean-Paul II, mais conformément à l’usage ancien, Benoît XVI ne préside pas lui-même les cérémonies de béatifications. Il fera deux exceptions pour Jean-Paul II et John Henry Newman. Dans la lignée de son prédécesseur, il continue, mais à un rythme beaucoup plus lent, de canoniser les chrétiens et chrétiennes qui peuvent être considérés comme modèles de vie évangélique. 

Il aura signé quatre Exhortations Apostoliques. La première date du 22 février 2007, il s’agit de Sacramentum Caritatis sur l’eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise. Il signe la seconde le 30 septembre 2010. Verbum Domini a pour but de réaffirmer le lien profond entre l’Esprit saint et la parole de Dieu ainsi que de clarifier la position de l’Église face à celle-ci. Le 19 novembre 2011 paraît l’exhortation apostolique post-synodale Africae munus. Dans celle-ci, il insiste sur le rôle de chaque membre de la famille, mais aussi et surtout sur le rôle de l’Église en Afrique et sur la vision africaine du monde et de la religion. Enfin, le Saint-Père publie, le 14 septembre 2012, la quatrième et dernière exhortation de son pontificat. Elle est intitulée Ecclesia in Medio Oriente et il y défend l’Œcuménisme, le rôle de l’Église au Moyen-Orient ainsi que les relations entre l’Église catholique romaine et les Églises catholiques orientales. 

Son enseignement se basera également sur trois encycliques. La première est publiée le 25 janvier 2006 et est intitulée Deus Caritas Est, Dieu est amour. Il tente d’y expliquer le sens chrétien de l’Amour, critiquant le fait que le nom de Dieu soit associé à la vengeance ou la violence. Pour cela il parle de l’Amour que l’Église doit transmettre. L’encyclique sera vendue à plus de 1,45 million d’exemplaires. 

Sa seconde encyclique paraît le 30 novembre 2007. Spe Salvi, Sauvés par l’Espérance, est une réflexion sur le thème de l’espérance chrétienne, prenant comme référence la Lettre de Saint Paul aux Romains: « c’est en espérant que nous avons été sauvés » (chapitre VIII verset 24).

Le pape signe sa troisième encyclique le 29 juin 2009. Caritas in Veritate, l’amour dans la Vérité, a été rendue publique le 7 juillet. Elle est consacrée aux problèmes sociaux. Elle traite du développement humain intégral, et aborde notamment la question de la fraternité et du développement économique en liaison avec la société civile, ainsi que le développement des peuples et le respect de l’environnement. 

Benoît XVI maintiendra aussi les journées mondiales de la jeunesse créées par son prédécesseur. Après la disparition de Jean-Paul II, plusieurs commentateurs doutent en effet qu’il maintienne ce type de rencontres, dont le format paraissait taillé sur mesure pour le pape défunt. Il participera cependant aux JMJ de Cologne en 2005. Il établira ensuite de nouveaux rendez-vous en 2008, 2011 et 2013. Il introduira même ses propres innovations comme l’adoration eucharistique à partir de 2005, et la confession sacramentelle de quelques jeunes par le pape en personne à partir de 2011. 

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Scandale des abus sexuels sur mineurs

On l’a dit plus haut, le pontificat de Benoît XVI est marqué par la révélation de plusieurs scandales concernant des abus sexuels commis par des prêtres sur des mineurs. Si la plupart de ces faits se sont surtout produits dans les décennies précédentes, leur mise au jour a lieu essentiellement dans les années 2000.

A plusieurs reprises il aura manifesté son intransigeance concernant ces affaires. Peu avant son élection, il dénonce les « souillures dans l’Église » et particulièrement parmi les prêtres. Dès le début de son pontificat, il a des mots de compassion à l’égard des victimes. À bord de l’avion qui le conduit à Washington en avril 2008, le pape se dit particulièrement honteux de tous les cas relevés dans l’Église, ajoutant « qu’un pédophile ne peut pas être prêtre ». Lors de différents voyages à travers le monde, il a rencontré des victimes et redit sa compassion pour elles, notamment lors des affaires irlandaises. Le pape reconnaît la responsabilité des évêques et condamne vivement les prêtres coupables. 

Renonciation 

Le 11 février 2013, à l’issue d’un consistoire public ordinaire convoqué pour valider des propositions de canonisations, le pape annonce, en latin, sa renonciation pour le 28 février à 20 heures (heure de Rome). Il la justifie par la « vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en [lui] d’une telle manière qu’[il] doit reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui [lui] a été confié. »

Il n’est pas le premier pape à avoir recours à la renonciation. Cela ne s’était cependant pas produit depuis Grégoire XII. Ce dernier avait été contraint à la démission lors de la poussée conciliariste du concile de Constance en 1415, à l’instar de l’antipape Jean XXIII. Mais déjà en 1294, Célestin V, un ermite proche des franciscains élu à 85 ans, avait abandonné sa charge après cinq mois de pontificat. Tandis que Grégoire VI, parfois cité, fut déposé en 1046 pour simonie à l’instigation du roi des Romains Henri III. 

Le pape Benoît XVI est donc décédé presque dix ans après avoir quitté le siège de saint Pierre le 28 février 2013. Ce jour-là, après avoir salué une dernière fois les cardinaux, les employés du Vatican et les Gardes suisses dans la cour San Damaso, Benoît XVI embarque à bord d’un hélicoptère blanc de l’armée de l’air italienne à destination de Castel Gandolfo où il s’installe pour une durée de deux mois. Le soir même, il devient officiellement « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite ». 

Le 23 mars 2013, le nouveau pape François vient rendre visite au pape émérite Benoît XVI à Castel Gandolfo et prier avec lui. Le jeudi 2 mai 2013, Benoît XVI revient au Vatican, accueilli par son successeur, pour entrer au monastère Mater Ecclesiae situé dans les jardins de la cité-État. C’est là qu’il s’est éteint au matin de ce 31 décembre 2022. Le pape Benoît XVI était atteint d’une maladie dégénérative qui s’est empirée dans ses derniers jours de vie. 


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